Contribution parentale et Alternative jeunesse: la Ministre respectera-t-elle ses engagements?

Le RAJE citoyenne et le Regroupement des Auberges du coeur rappellent à la Ministre Julie Boulet qu'elle a pris des engagements lors de sa rencontre avec l'un de nos représentants et d'autres organisations allliées le 30 juin 2011.

COALITION POUR L’ACCESSIBILITÉ AUX SERVICES DES CENTRES LOCAUX D’EMPLOI (CASC)


À l’attention de Julie Boulet, ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale
425, rue Saint-Amable 1er étage
Québec (QC)
G1R 4Z1
Montréal, le 21 septembre 2011


Objet : Vos engagements concernant la contribution parentale, Alternatives jeunesse et l’accès aux études secondaires générales


Madame la Ministre,

Lors de la rencontre entre votre ministère et la CASC, vous avez pris quelques engagements.  Vos engagements, si vous les tenez, peuvent avoir des impacts positifs dans la vie de plusieurs Québécois et Québécoises.

Ainsi, vous avez mentionné qu’il serait possible d’inscrire, sur les formulaires et les documents concernant la contribution parentale, que les jeunes aient la possibilité de subroger le ministère afin que ce dernier perçoive la contribution financière des parents.  Ce changement enlèverait beaucoup de poids sur les jeunes en leur permettant de ne pas avoir la responsabilité de percevoir cette contribution directement de leurs parents.  En ce qui concerne les parents, les demandes de contribution envoyées par votre ministère pourrait très bien s’accompagner d’une mention de la possibilité pour les parents de refuser manifestement de contribuer, possibilité qui existe et qui est très peu diffusée à l’intérieur du réseau des CLE.  Il serait judicieux de votre part de tenir compte du fait que ces modalités légales n’ont rien de simple en soi et qu’un effort de vulgarisation devrait être fait dans les communications de celles-ci afin que les personnes concernées puissent bien les comprendre.

Nous aimerions aussi profiter de cet envoi pour vous rappeler que vous siégez à l’Assemblée nationale, et bien que le code civil ne relève pas de votre ministère, tout député a le pouvoir de proposer des projets de changements de lois.  Contrairement à ce que vous avez dit lors de cette rencontre, vous avez le pouvoir de changer le code civil, ou du moins d’essayer d’y apporter des modifications concernant l’application de la contribution parentale à l’aide sociale.  Nous observons qu’elle s’applique de façon très différente à l’aide sociale et à l’aide financière aux études; nous nous interrogeons sur la flexibilité d’application de cette loi par les ministères et de qui ou de quoi relève cette interprétation.

De plus, vous vous êtes engagées à faire la promotion d’Alternatives jeunesse au sein des CLE et à le rendre accessible à tous les jeunes.  Les conditions d’admissibilité étant les mêmes qu’à l’aide sociale à l’exception de la motivation du jeune à suivre le programme ou non, nous apprécierions beaucoup si on pouvait ne plus rencontrer de jeunes motivés qui n’ont pas eu droit à Alternatives jeunesse.

D’autre part, nous n’avons trouvé aucune contre-indication dans le MANI mentionnant que des personnes ne pouvaient pas avoir droit à l’aide sociale tout en fréquentant un établissement d’enseignement secondaire et suivant le parcours général.  Nous apprécierions beaucoup si cette possibilité pouvait être mise de l’avant par les agentEs socio-économiques lorsqu’ils ou elles rencontrent des personnes désirant obtenir un diplôme d’études secondaires.  Vous avez mentionné qu’il n’était pas du ressort du MESS que de soutenir des jeunes désirant obtenir un diplôme d’études secondaires, cependant, une population éduquée est plus à même d’innover et de contribuer au développement social et à la prospérité économique du Québec.  « En effet, ces taux de chômage et d’assistance diminuent au fur et à mesure que les jeunes présentent un degré de scolarisation plus élevé.  À cet égard, mentionnons que plus le taux de scolarisation est élevé, moins leur situation au plan de l’insertion socioprofessionnelle paraît difficile. »   Bien que l’adéquation formation et main-d’œuvre semble une priorité sur laquelle vous travaillez, l’insertion des jeunes est plus complexe que la simple adéquation entre des jeunes qui se cherchent et des entreprises qui cherchent des bras.


Finalement, nous aimerions attirer votre attention sur la mission de votre ministère, nous semblons ne pas la comprendre de la même façon puisque vous semblez complètement obnubilée par le volet « développement de la prospérité économique du Québec » alors que nous y lisons aussi les termes que nous avons surlignés ci-dessous :

Le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale contribue au développement social et à la prospérité économique du Québec en favorisant le plein épanouissement des personnes par :
• la promotion de l’emploi, le développement de la main-d’oeuvre et l’amélioration du fonctionnement du marché du travail;
• le soutien financier aux personnes démunies et aux familles ainsi que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

La mise en pratique de ces principes directifs résulterait, selon nous, en un élargissement de votre vision et de votre rôle au sein de votre ministère et du cabinet des ministres.  Nous sentons la nécessité démocratique de vous lancer ce rappel à vous recentrer sur la mission de votre ministère.


Veuillez accepter, Madame la Ministre, l’expression de notre sentiment d’urgence face à la situation actuelle des personnes utilisant l’aide de dernier recours.



Pour le comité exécutif de la Coalition pour l’accessibilité aux services des CLE
Maxime Boucher, intervenant en action collective
Rassemblement de la jeunesse citoyenne
Regroupement des Auberges du cœur de Montréal
(514) 523-8559 (poste 103)
raje.citoyenne@aubergesducoeur.org


CC :     Membres et alliés de la CASC

Marie-René Roy, Sous-ministre adjointe, Direction générale des politiques et de l’analyse stratégique

Ginette Sylvain, Sous-ministre adjointe, Direction générale aux opérations

Claudine Robitaille, Direction des mesures et services aux individus, pour le comité de travail MESS / CASC