La Stratégie Jeunesse néglige les jeunes en difficulté
Le gouvernement du Québec a déposé le 27 mars dernier sa nouvelle stratégie d'action jeunesse 2009-2014 qui vise à « enrichir le Québec de sa relève ». On y note plusieurs mesures visant à réduire le niveau de décrochage scolaire, favoriser l'accès à l'emploi, développer l'entrepreneuriat jeunesse, améliorer la santé des jeunes ou l'intégration des jeunes provenant des communautés culturelles. Il s'agit là d'objectifs louables qui montrent une préoccupation réelle de l'actuel gouvernement envers les jeunes. Malheureusement, elle fait, encore une fois, la démonstration d'un manque de connaissance et de sensibilité envers les jeunes en difficulté et elle laisse de côté des organisations qui, comme les Auberges du cœur, œuvrent auprès d'eux.
Alors que les organismes communautaires ont développé des approches qui considèrent ces jeunes de manière globale à partir de leur potentiel, leur motivation et leurs projets, les «réseaux de services» mis en place par le gouvernement qui sont promus dans la Stratégie jeunesse 2009-2014 tendent plutôt à «découper» les jeunes en problématiques et à intervenir à la chaîne pour résoudre chaque problème. Un grand nombre de jeunes se rebiffent face à une telle approche déshumanisée et préfèrent fuir ces organisations qui les étiquettent et qu'ils considèrent comme trop contrôlantes.
À ces jeunes-là, la société n'offre plus que des contraventions pour réduire leur nuisance sociale et des pilules pour diminuer le mal de vivre. Pour Mélanie Bélanger, coordonnatrice de l'Auberge du cœur Accueil Jeunesse Lanaudière et présidente du Regroupement : «Ces approches tendent à exclure plutôt qu'à inclure; à ce cocktail peu inspirant, on aurait aimé voir tout au moins une touche d'espoir fondée sur des liens humains. »
Les Auberges du cœur auraient eu plus confiance dans la Stratégie d'action jeunesse si on y avait reconnu et soutenu officiellement les pratiques d'intervention alternatives des organismes communautaires autonomes jeunesse. Ces pratiques qui se développent et s'enrichissent à partir des besoins et objectifs des jeunes tout en tenant compte des services publics existants.
À titre d'exemple, les Auberges du cœur souhaitent développer leurs pratiques de «post-hébergement» qui visent le soutien auprès des jeunes après leur séjour dans une Auberge. Ces pratiques renforcissent la continuité de liens et permettent aux jeunes de poursuivre leur vie et leurs rêves en-dehors de l'Auberge. Malheureusement, cela ne cadre pas dans les «priorités» gouvernementales qui valorisent les «réseaux de services».
Qu'est-ce qui amènent les jeunes à frapper à notre porte? C'est leur volonté de réapprendre à espérer en eux-mêmes au-delà des problématiques qu'ils portent : décrochage scolaire, rupture familiale, violence, toxicomanie, pauvreté, détresse, isolement, etc. Ils ont besoin de se donner de nouvelles racines en tissant de nouveaux liens sociaux avec des gens avec qui ils apprennent à refaire confiance.
Selon Rémi Fraser, directeur général du Regroupement des Auberges du cœur, « Il faut donner à ces jeunes le choix du type d'approche qui leur convient, car l'estime de soi, l'autonomie et la capacité d'agir commencent par la capacité de choisir. »
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Source :
Rémi Fraser, directeur général
remi.fraser@aubergesducoeur.com
Isabelle Gendreau, agente de communication et de développement
isabelle.gendreau@aubergesducoeur.com
Regroupement des Auberges du cœur du Québec
(514) 523-8559
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